La culture intensive de la betterave a favorisé la création de plusieurs distilleries sur le plateau du Vexin ce qui a permis de transformer cette production en alcool, sur place, à moindre coût.
La première, construite en 1856 dans la ferme que possède César Charlemagne Thomassin, est l’une des toutes premières du plateau du Vexin. En 1857, il y établit une chaudière à vapeur de 15 chevaux et une machine à haute pression de la force de 6 chevaux. En 1862, il fait ajouter une deuxième chaudière à vapeur d’une force de 6 chevaux-vapeur et deux bouilleurs. Le combustible employé est le charbon de terre. Cette seconde machine à vapeur sert à la distillation des betteraves, mais également à mettre en mouvement une machine à battre les céréales. En 1893 Louis Thomassin fait remplacer la macération par une diffusion. En 1912 la distillerie, usée, écrase 50 tonnes de betteraves par 24 heures. Devant l’essor de cette industrie, devenue insuffisante, elle est remplacée par un nouveau bâtiment, plus moderne, sur un emplacement choisi pour sa situation près de la route nationale 14, ce qui permet une approche aisée des bâtiments.
La construction va débuter en 1913. La distillerie comporte, dès sa création, deux générateurs pesant chacun 22 tonnes et mesurant 11 mètres de long, construits par la société Piedboeuf, située à Jupille, en Belgique. Ils sont acheminés, à quelques jours d’intervalle, vers le 20 juin 1913, depuis Pontoise, par camion tiré par 26 bœufs et 2 chevaux. D’autres parties du matériel arrivent par la gare de Boissy-L’Aillerie. Cette nouvelle usine est susceptible d’écraser 100 tonnes de betteraves par jour.
Sa mise en service, prévue en 1914, pour sa première saison, n’a pu avoir lieu. Une partie du matériel a dû être retournée pour réparation ou transformation et n’a pu être de retour à temps avant la déclaration de la guerre. De plus, la plupart des ouvriers sont mobilisés.
De 1915 à 1920, l’usine fonctionne tant bien que mal, grâce aux appareils d’occasion qui ont pu être rassemblés. Après la guerre sa puissance de travail est portée à 130 tonnes de betteraves.
La création de la ligne CGB Pontoise vers Magny-en-Vexin a permis au charbon nécessaire à son fonctionnement d’arriver par train jusqu’à la gare de Puiseux-Pontoise, et d’y être déchargé directement des wagons sur des tombereaux qui l’acheminaient jusqu’à la distillerie.
Jusqu’en 1931, l’alcool produit est de l’alcool rectifié; qui sert d’abord exclusivement en parfumerie, puis à la fabrication du carburant national.
Pour chaque campagne, il était établi un contrat de livraison des betteraves à la distillerie, qui fonctionnait de la mi-octobre à la mi-décembre.
Le personnel, en 1932 se compose d’un contremaître et de son adjoint qui, aidé de 2 ou 3 hommes y travaillent toute l’année. Pendant la campagne, une équipe de Belges, vient assurer la fabrication. Ces hommes qui sont sous la direction d’un chef d’équipe arrivent au début octobre et arrachent des betteraves jusqu’à la mise en route de l’usine. Ils retournent chez eux une fois la dernière betterave écrasée.
Au mois de septembre 1983 la distillerie est encore autorisée à faire circuler ses véhicules, pendant la durée de la campagne sucrière, et ce, du 3 octobre jusqu’au 31 décembre 1983.
Elle a cessé de produire définitivement vers 1985